PaulValéry : Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Paul Valéry La Crise de l' Esprit, premiÚre lettre (1919) Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.
Ambroise Paul Toussaint Jules ValĂ©ry est un Ă©crivain, poĂšte, philosophe et Ă©pistĂ©mologue français, nĂ© Ă  SĂšte HĂ©rault le 30 octobre 1871 et mort Ă  Paris le 20 juillet 1945. NĂ© d’un pĂšre d’origine corse et d’une mĂšre gĂ©noise, Paul ValĂ©ry entame ses Ă©tudes Ă  SĂšte alors orthographiĂ©e Cette chez les dominicains, puis au collĂšge de SĂšte et enfin au lycĂ©e de Montpellier. Il commence en 1889 des Ă©tudes de droit. Cette mĂȘme annĂ©e, il publie ses premiers vers dans la Revue maritime de Marseille. Sa poĂ©sie de cette Ă©poque s’inscrit dans la mouvance symboliste. Dans la nuit du 4 au 5 octobre 1892, il connaĂźt Ă  GĂȘnes ce qu’il dĂ©crit comme une grave crise existentielle. Il sort rĂ©solu Ă  rĂ©pudier les idoles de la littĂ©rature, de l’amour, de l’imprĂ©cision, pour consacrer l’essentiel de son existence Ă  ce qu’il nomme la vie de l’esprit. En tĂ©moignent les Cahiers dans lesquels il s’astreint Ă  noter toutes ses rĂ©flexions au petit matin. AprĂšs quoi, ajoute-t-il en maniĂšre de boutade, ayant consacrĂ© ces heures Ă  la vie de l’esprit, je me sens le droit d’ĂȘtre bĂȘte le reste de la journĂ©e. La poĂ©sie est-elle exclue pour autant de sa vie ? Non, car justement, selon ValĂ©ry, tout poĂšme n’ayant pas la prĂ©cision exacte de la prose ne vaut rien ». Tout au plus a-t-il vis-Ă -vis d’elle la mĂȘme distance que Malherbe affirmant sĂ©rieusement qu’un bon poĂšte n’est pas plus utile Ă  l’État qu’un bon joueur de quilles. Quoi qu’il en soit, Paul ValĂ©ry indique Ă  plusieurs reprises qu’il considĂšre cette nuit passĂ©e Ă  GĂȘnes comme sa vĂ©ritable origine, le dĂ©but de sa vie mentale. En 1894, il s’installe Ă  Paris, oĂč il commence Ă  travailler comme rĂ©dacteur au ministĂšre de la Guerre, et oĂč il se lie avec Paul LĂ©autaud. Il reste distant de l’écriture poĂ©tique pour se consacrer Ă  la connaissance de soi et du monde. Depuis 1900 jusqu’en 1922, secrĂ©taire particulier d’Édouard Lebey, administrateur de l’agence Havas, il s’affaire chaque matin aux petites heures Ă  la rĂ©daction de ses Cahiers, journal intellectuel et psychologique dont l’essentiel n’est publiĂ© qu’aprĂšs sa mort. En 1900, il Ă©pouse Jeannie Gobillard, une cousine germaine de Julie Manet elle mĂȘme fille de Berthe Morisot et d’EugĂšne Manet, le frĂšre d’Edouard Manet qui Ă©pouse le mĂȘme jour Ernest Rouart. Le double mariage est cĂ©lĂ©brĂ© en l’église Saint-HonorĂ© d’Eylau, dans le quartier de Passy Ă  Paris. Le couple ValĂ©ry est logĂ© dans l’immeuble construit par les parents de Julie, dans la rue de Villejust aujourd’hui, rue Paul-ValĂ©ry dont a hĂ©ritĂ© la jeune Julie alors qu’elle n’avait pas dix-huit ans 1895. Le couple ValĂ©ry-Gobillard aura trois enfants et demeurera liĂ© au couple Rouart-Manet qui aura trois fils, Ă  tel point que les deux familles partageront aussi leurs vacances dans la propriĂ©tĂ© Le Mesnil », achetĂ©e par Berthe Morisot et EugĂšne Manet sur les bords de Seine, en aval de Meulan, peu avant la mort d’EugĂšne 1893. Julie, unique hĂ©ritiĂšre aprĂšs le dĂ©cĂšs de Berthe en 1895, laissera les portes du Mesnil ouvertes au couple ValĂ©ry-Gobillard jusqu’à ce que la mort les sĂ©pare. Paul ValĂ©ry suit les mardis de StĂ©phane MallarmĂ©, Rue de Rome », sĂ©minaire qui a lieu au domicile du poĂšte dont il restera l’un des plus fidĂšles disciples. En 1917, sous l’influence de Gide notamment, il revient Ă  la poĂ©sie avec La Jeune Parque, publiĂ©e chez Gallimard. Il brise un long silence’ avec ce poĂšme de 500 vers auquel il a consacrĂ© quelque quatre annĂ©es. Initialement, il devait Ă©crire – Ă  la demande de son Ă©diteur Gallimard et de son ami AndrĂ© Gide – une prĂ©face poĂ©tique d’une trentaine de lignes pour accompagner une réédition de ses premiers poĂšmes. Mais il fut dĂ©passĂ© par le projet initial et Ă©crivit alors ce que d’aucun considĂšre comme son chef d’Ɠuvre le monologue intĂ©rieur d’une jeune femme en proie Ă  un combat entre le corps et l’esprit, Ă©crit dans un formalisme digne de son maĂźtre MallarmĂ©. Un autre grand poĂšme suit quelques annĂ©es plus tard Le CimetiĂšre marin » 1920, puis un recueil, Charmes » 1922. Toujours influencĂ© par StĂ©phane MallarmĂ©, Paul ValĂ©ry privilĂ©gia toujours dans sa poĂ©sie la maĂźtrise formelle sur le sens et l’inspiration Mes vers ont le sens qu’on leur prĂȘte ». AprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, Paul ValĂ©ry devient une sorte de poĂšte officiel », immensĂ©ment cĂ©lĂšbre — peu dupe, il s’en amuse — et comblĂ© d’honneurs. En 1924, il devient prĂ©sident du Pen Club français, puis il est Ă©lu membre de l’AcadĂ©mie française l’annĂ©e suivante. Dans le discours de rĂ©ception qu’il prononce le 23 juin 1927, Paul ValĂ©ry fait l’éloge d’Anatole France, son prĂ©dĂ©cesseur, sans prononcer son nom une seule fois. En 1932, il entre au conseil des musĂ©es nationaux ; en 1933, il est nommĂ© administrateur du Centre universitaire mĂ©diterranĂ©en de Nice ; en 1936, il est nommĂ© prĂ©sident de la Commission de synthĂšse de la coopĂ©ration culturelle pour l’exposition universelle ; en 1937, on crĂ©e pour lui la chaire de poĂ©tique au CollĂšge de France ; en 1939, enfin, il devient prĂ©sident d’honneur de la SACEM. Son Ɠuvre vĂ©ritable, pendant ce temps, continue toujours dans l’ombre. La profondeur des rĂ©flexions qu’il a Ă©mises dans des ouvrages exigeants Introduction Ă  la mĂ©thode de LĂ©onard de Vinci, La soirĂ©e avec monsieur Teste, ses rĂ©flexions sur le devenir de la civilisation Regards sur le monde actuel et sa vive curiositĂ© intellectuelle en ont fait un interlocuteur de Raymond PoincarĂ©, Louis de Broglie, Henri Bergson et Albert Einstein. Sous l’Occupation, Paul ValĂ©ry, refusant de collaborer, prononce en sa qualitĂ© de secrĂ©taire de l’AcadĂ©mie française l’éloge funĂšbre du juif Henri Bergson ». Cette prise de position lui vaut de perdre ce poste, comme celui d’administrateur du Centre universitaire de Nice Centre universitaire mĂ©diterranĂ©en. Il meurt le 20 juillet 1945, quelques semaines aprĂšs la fin de la Seconde Guerre mondiale. AprĂšs des funĂ©railles nationales Ă  la demande de Charles de Gaulle, il est inhumĂ© Ă  SĂšte, au cimetiĂšre marin qu’il avait cĂ©lĂ©brĂ© dans un poĂšme. Les essais de ValĂ©ry traduisent ses inquiĂ©tudes sur la pĂ©rennitĂ© de la civilisation Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », l’avenir des droits de l’esprit », le rĂŽle de la littĂ©rature dans la formation, et la rĂ©troaction du progrĂšs sur l’homme. Sa sĂ©rie VariĂ©tĂ© » I, II, III, IV, V se compose d’un autre type d’écrits ceux qui lui ont Ă©tĂ© commandĂ©s et qu’il n’eĂ»t sans doute, de son aveu, jamais Ă©crits de lui-mĂȘme. Ils n’en tĂ©moignent pas moins d’une profondeur d’analyse souvent Ă©blouissante que l’on retrouve aussi dans la sĂ©rie de courts essais sur divers sujets d’actualitĂ© du XXe siĂšcle publiĂ©e sous le titre Regards sur le monde actuel Voir par exemple Notre destin et les lettres ». Sa correspondance avec AndrĂ© Gide a Ă©tĂ© publiĂ©e Ă  la NRF en 2009. On retrouve dans ses Cahiers des passages de Tel quel » ainsi que des indications probablement destinĂ©es Ă  faciliter leur regroupement en un seul ouvrage ou en des ouvrages ultĂ©rieurs Nombres plus subtils, Robinson, etc. Il a aussi publiĂ© L’IdĂ©e fixe ». La portĂ©e philosophique et Ă©pistĂ©mologique de l’Ɠuvre de ValĂ©ry est souvent mĂ©connue, peut-ĂȘtre en raison de la publication tardive de ses cahiers. Pourtant ValĂ©ry est l’un des penseurs Ă©minents du constructivisme. Le rapport que ValĂ©ry entretient avec la philosophie est singulier. Dans ses Cahiers il Ă©crit Je lis mal et avec ennui les philosophes, qui sont trop longs et dont la langue m’est antipathique. ». En effet, s’il s’inspire librement de Descartes en ce qui concerne une certaine mĂ©thode du penser », il est en revanche trĂšs critique sur le discours philosophique lui-mĂȘme. Pour ValĂ©ry, le philosophe est plus un habile sophiste, manieur de concepts, qu’un artisan au service du Savoir comme l’est le scientifique. En revanche, son dĂ©sir de comprendre le monde dans sa gĂ©nĂ©ralitĂ© et jusqu’au processus de la pensĂ©e lui-mĂȘme — caractĂ©ristique du philosophe — oriente fortement son travail. Nicette jeunesse, ni ses juges n'accordaient plus le moindre crĂ©dit au dire de Paul ValĂ©ry, quand la premiĂšre guerre mondiale avait dĂ©jĂ  paru secouer notre monde sur ses bases : « nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous somme mortelles ». Cette formule trop frappĂ©e est' devenue une vieille scie. Le goĂ»t aujourd'hui n'est plus de l'invoquer bouch» bĂ©e, c'est de la
Home/citation/Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Valéry Paul Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes de Paul ValéryPaul Valéry Autres citations Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Valéry Paul Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes ICitations de Paul ValéryPaul Valéry Autres citations
Nousautres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă 
1La journĂ©e d’étude Ă  l’origine de cette publication Ă©tait consacrĂ©e Ă  une critique de la civilisation grĂ©co-romaine, comme modĂšle, implicite ou non, de toute civilisation. Ce qui impliquait en mĂȘme temps de rĂ©examiner cette notion de civilisation, utilisĂ©e aussi bien par les enseignants et chercheurs en sciences humaines et sociales – le fameux intitulĂ© langue et civilisation » des cursus – que par les mĂ©dias d’opinion, dont le fameux Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles » de Paul ValĂ©ry, dans la Crise de l’esprit 1919, fut le prĂ©lude Ă©lĂ©gant Ă  The Clash of Civilizations and the Remaking of World Order de Samuel P. Huntington paru en 1996. 2Il n’échappe Ă  personne qu’aujourd’hui employer le mot de civilisation dans l’espace mĂ©diatique est devenu problĂ©matique. On se souvient de Claude GuĂ©ant, alors ministre de l’IntĂ©rieur du gouvernement Fillon, le dimanche 5 fĂ©vrier 2012 dĂ©clarant que toutes les civilisations ne se valent pas », lors d’un Ă©niĂšme dĂ©bat mĂ©diatique sur le port du voile. Le Figaro avait alors demandĂ© Ă  quelques anthropologues pourquoi ce terme Ă©tait controversĂ© au point qu’ils Ă©vitaient soigneusement de l’utiliser depuis 50 ans et prĂ©fĂ©raient parler de cultures. François Flahault rĂ©pondit que ce terme [de culture] Ă©tait le plus appropriĂ© » pour dĂ©signer tout ce que les gĂ©nĂ©rations humaines se transmettent les unes aux autres de maniĂšre non biologique ». Pour Marc CrĂ©pon, le terme de civilisation Ă©tait difficilement dissociable des idĂ©ologies les plus meurtriĂšres du xxe siĂšcle qui avaient une idĂ©e trĂšs prĂ©cise de la hiĂ©rarchie des civilisations et de leur diffĂ©rence de valeur. » Alfred Grosser rĂ©pliquait Ă  Claude GuĂ©ant que son jugement de valeur qui laissait supposer des hiĂ©rarchies entre civilisations sous-entendait que la civilisation islamique est infĂ©rieure Ă  la civilisation française. Claude GuĂ©ant s’attaquait implicitement aux musulmans de France, mais la dĂ©fense de Grosser est dĂ©sastreuse il est impossible de comparer la civilisation française, nationale, Ă  une civilisation islamique, religieuse, en supposant que l’une et l’autre expressions recouvrent la moindre rĂ©alitĂ©. Maurice Godelier distinguait, Ă  son tour, culture et civilisation de la façon suivante Contrairement Ă  la culture », la civilisation » ne peut ĂȘtre pensĂ©e seule, car elle comporte toujours implicitement un jugement de valeur en opposition Ă  un autre, plus barbare ; par exemple, dans civilisation » il y a civis, c’est-Ă -dire citoyen. Il y a l’idĂ©e grecque et romaine que les civilisĂ©s sont ceux qui vivent dans les citĂ©s ou les États, par opposition aux barbares qui sont nomades ou paysans. 3Nous voici arrivĂ©s au cƓur de notre sujet. Civilisation, mot rĂ©cent en français il date du xviiie s., serait Ă  expliquer par son Ă©tymologie latine et donc par l’idĂ©ologie grĂ©co-romaine qui opposait la civilisation des cives urbains Ă  la barbarie des nomades. On ne reprochera pas Ă  Maurice Godelier harcelĂ© par un journaliste, ses approximations historiques ; on peut, au contraire, lui savoir grĂ© d’avoir rappelĂ© la place que la civilisation grĂ©co-romaine tient dans l’idĂ©ologie contemporaine. La notion de civilisation nous viendrait de l’AntiquitĂ©. Donc, pour certains, la civilisation grĂ©co-romaine serait au dĂ©but et Ă  l’origine de l’humanitĂ© civilisĂ©e, et pour d’autres, c’est d’elle que viendrait le narcissisme mĂ©prisant de la civilisation europĂ©enne. Les dĂ©buts de l’anthropologie moderne au xixe s. sont marquĂ©s par de tels jugements de valeur. Dans Ancient Society 1877, Lewis Morgan affirme que l’humanitĂ© Ă©volue en passant par trois stades successifs la sauvagerie, la barbarie et la civilisation. Les plus civilisĂ©s Ă©taient, selon lui, les AmĂ©ricains. Les EuropĂ©ens l’étaient moins car ils conservaient encore des vestiges fĂ©odaux. 4Ces commentaires autour de l’affaire GuĂ©ant » montrent que la notion de civilisation est aussi floue qu’explosive. Notion qui de loin semble Ă©vidente, la civilisation s’éparpille en sens divers quand on utilise le mot. Seul repĂšre solide, la rĂ©fĂ©rence Ă  l’AntiquitĂ©. Miracle grec ou pĂ©chĂ© originel, la civilisation grĂ©co-romaine surgit dĂšs qu’il est question de civilisation. 5Peut-on trouver Ă  la notion de civilisation un statut Ă©pistĂ©mologique ? N’est-elle pas dĂ©finitivement Ă©crasĂ©e sous ses origines grĂ©co-romaines ? La notion anthropologique de culture, prééminente depuis quelques dĂ©cennies, ne serait-elle pas d’un meilleur usage ? 1 F. A. Wolf, Darstellung der Althertumswissenschaft nach Begriff, Umfang, Zweck und Werth, Museum d ... 2 J. Assmann, Religion und Kulturelles GedĂ€chtnis. Zehn Studien, Munich, 2000 ; trad. anglaise Sta ... 3 C. Calame, Qu’est-ce que la Mythologie grecque ?, Paris, 2015. 4 Édition originale S. Freud, Das Unbehagen in der Kultur, Vienne, 1930. 6L’étude liminaire de Claude Calame, Civilisation et Kultur de Friedrich August Wolf Ă  Sigmund Freud », propose des rĂ©ponses Ă  ces questions. Chez Wolf, historien de la littĂ©rature antique initiateur de ce qui deviendra la Klassische Philologie, les Grecs se distinguent comme un peuple disposant d’une culture de l’esprit »1. Cette Kultur permet de diffĂ©rencier les Grecs, les Romains et leurs successeurs allemands des autres civilisations ». La culture grĂ©co-latine lui permet donc de classer les civilisations. De telles conceptions se retrouvent dans ce que Calame appelle de nouveaux avatars du “Grand partage” », chez un historien des religions contemporain comme J. Assman par exemple, qui produit une opposition entre civilisation religieuse de l’écrit et autres cultures religieuses orales2. Or, Calame montre que la religion des Grecs ne se laisse pas comprendre dans ce partage3. Des notions de Kultur/ civilisation » plus critiques pourraient guider la rĂ©flexion des anthropologues de l’antiquitĂ©, dans le sillage de celle que Freud a dĂ©veloppĂ©e dans son Malaise dans la civilisation, Ɠuvre sur laquelle revient Claude Calame4. On peut sans doute interroger la formation de l’individu dans la civilisation, c’est-Ă -dire Ă  travers des rĂ©seaux de sociabilitĂ© et de normes. Cela revient en fait Ă  penser des civilisations en leur donnant, au cas par cas, un statut Ă©pistĂ©mologique dans l’analyse des processus de fabrication de l’individu dans une collectivitĂ©. La civilisation, dont on prĂ©tend trouver la source dans l’antiquitĂ©, fausse donc profondĂ©ment la comprĂ©hension qu’on peut avoir de ces mĂȘmes mondes anciens. La notion, si l’on tient Ă  la conserver, ne pourrait ĂȘtre utile que dĂ©faite, vidĂ©e de son sens Ă©volutionniste, et resĂ©mantisĂ©e dans une perspective anthropologique. 5 Voir l’étymologie de civilisation » sur le site du CNRTL Centre National de Ressources Textuell ... 7Il fallait donc reprendre la question au dĂ©but et faire l’archĂ©ologie de la notion. Rappeler d’abord que la notion et le terme sont modernes, comme le dĂ©veloppe et le prĂ©cise Jan Blanc au dĂ©but de son article. Ce mot apparaĂźt pour la premiĂšre fois sous la plume du Marquis de Mirabeau, le pĂšre, en 17565. Il remplace civilitĂ©. Émile Benveniste Ă©crit 6 Émile Benveniste, ProblĂšmes de linguistique gĂ©nĂ©rale, I, Paris, 1966, p. 336-345. Pour Mirabeau, la civilisation est un procĂšs que l’on dĂ©nommait jusqu’alors police », un acte tendant Ă  rendre l’homme et la sociĂ©tĂ© plus policĂ©s », l’effort pour amener l’individu Ă  observer spontanĂ©ment les rĂšgles de la biensĂ©ance et pour transformer dans le sens d’une plus grande urbanitĂ© les mƓurs de la sociĂ©tĂ©6. 8L’EncyclopĂ©die offre un bon exemple de ce lien primordial de la notion de civilisation Ă  l’antiquitĂ©. Il n’y a encore que trĂšs peu d’occurrences du mot civilisation dans l’EncyclopĂ©die de Diderot et d’Alembert. Deux usages, au sens moderne, viennent Ă  l’occasion d’une rĂ©flexion sur les Vies de Plutarque, art. Vies » et Zones tempĂ©rĂ©es » rĂ©digĂ©s par Louis de Jaucourt. L’auteur Ă©grĂšne les hĂ©ros civilisateurs de la GrĂšce ancienne, Socrate, Solon, Lycurgue, etc. Il [Plutarque] me fait converser dĂ©licieusement dans ma retraite gaie, saine et solitaire, avec ces morts illustres, ces sages de l’antiquitĂ© rĂ©vĂ©rĂ©s comme des dieux, bienfaisans comme eux, hĂ©ros donnĂ©s Ă  l’humanitĂ© pour le bonheur des arts, des armes et de la civilisation. 9Benveniste prend acte que l’on passe d’une notion d’état, la police des mƓurs, Ă  une notion d’action la civilisation va avec l’idĂ©e de progrĂšs moral, technique ou autre. Il n’est pas Ă©tonnant que cette mutation ait eu lieu au xviiie s. et que la notion de civilisation s’installe largement au xixe et dĂ©but du xxe siĂšcle, en mĂȘme temps que la colonisation qui apportait aux sauvages » les bienfaits de la civilisation ». Les Grecs et les Romains n’ont rien Ă  voir avec ce mot qui ne correspond ni Ă  philanthropia, ni Ă  humanitas, ni Ă  cultus, et pas plus Ă  civilis. 10C’est pourquoi dans un premier temps nous avons demandĂ© Ă  plusieurs chercheurs de faire l’archĂ©ologie de la civilisation grĂ©co-romaine », telle que nous la connaissons aujourd’hui dans les ouvrages savants comme dans les jeux vidĂ©o. 11Blaise Dufal propose une enquĂȘte sur les usages historiographiques de la notion dans un article intitulĂ© Le fantasme de la perfection originelle. La GrĂšce antique comme matrice du modĂšle civilisationnel. » Dans les manuels d’histoire et ouvrages de vulgarisation et chez des classiques de l’historiographie française du xxe s., on voit que la civilisation », faute de dĂ©finition rigoureuse, n’est pas un concept scientifique. Elle produit une vision idĂ©ologique de la culture et de l’histoire, fondĂ©e sur un fantasme de la GrĂšce antique, idĂ©alisĂ©e depuis le xviiie s. Les Grecs de l’AntiquitĂ©, dont la modernitĂ© europĂ©enne se veut l’hĂ©ritiĂšre, seraient ainsi l’origine gĂ©niale et les exemples parfaits de la science, des arts et de la politique. 12Jan Blanc dĂ©place la question sur le terrain de l’histoire de l’art Ă  la pĂ©riode moderne. Il interroge le problĂšme de la civilisation grecque » chez Winckelman. Johann Joachim Winckelmann 1717-1768 est Ă  l’origine du miracle grec », cette vision de la civilisation grecque comme un Ăąge d’or politique, moral et artistique. Il parle certes d’AntiquitĂ© grecque et non de civilisation, le mot n’existe pas encore au sens moderne, mais les deux livres, qu’il a consacrĂ©s Ă  l’AntiquitĂ© grecque, l’étudient comme un monde dont il s’agit de rendre compte des grands principes Ă  travers l’étude de ses Ɠuvres d’art. C’est ainsi qu’il dĂ©crit la GrĂšce en faisant de sa supĂ©rioritĂ© artistique un a priori. Winckelmann commence Ă  Ă©crire sur l’art antique sans avoir vu la moindre statue. Ses Ă©crits sont et resteront des constructions imaginaires, dĂ©duites de cet a priori. La GrĂšce est pour lui un mythe. La GrĂšce est, pour Winckelmann, la seule civilisation qui, dans l’histoire, soit parvenue Ă  s’arracher Ă  la barbarie de la simple nature sans ĂȘtre touchĂ©e par la corruption des mƓurs, processus inhĂ©rent Ă  la culture. Mais ce miracle fut Ă©phĂ©mĂšre et a disparu Ă  jamais. AprĂšs la perfection de l’art classique au ve s., la GrĂšce a Ă©tĂ© entraĂźnĂ©e dans une dĂ©cadence irrĂ©versible. L’histoire de Winckelmann est donc tĂ©lĂ©ologique, parce qu’elle pose a priori la grandeur suprĂȘme de l’art grec. Mais elle est Ă©galement eschatologique, dans la mesure oĂč le grand style » est irrĂ©mĂ©diablement perdu. La civilisation grecque » n’est pas, pour lui, une pĂ©riode » de l’histoire mais, plutĂŽt, une utopie servant aux Modernes Ă  se raconter, en construisant, dans le temps et le passĂ©, l’origine d’une grandeur perdue dont ils ne peuvent nullement ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme les enfants ou les hĂ©ritiers, mais qu’ils doivent apprendre Ă  regretter. La civilisation grecque telle qu’elle est inventĂ©e par Winckelmann tient donc des deux acceptions modernes de cette notion. Celle d’un progrĂšs, mais qui n’est observable que dans les restes et les ruines du passĂ© et celle d’une dĂ©cadence inĂ©luctable. 13La culture ludique contemporaine permet aussi de voir le lien Ă©troit de l’antiquitĂ© Ă  la notion de civilisation. Dans Alexandre et Octavien contre Bismarck et Gengis Khan. Les usages problĂ©matiques de l’AntiquitĂ© grĂ©co-romaine dans l’univers ludique de Civilization », Emmanuelle Valette s’intĂ©resse au jeu vidĂ©o Ă  succĂšs Civilization, rééditĂ© et amĂ©liorĂ© plusieurs fois depuis 1991 jusqu’à son ultime version de 2016. La durĂ©e de son succĂšs international en fait un bon tĂ©moin de certaines idĂ©es populaires contemporaines sur la notion de civilisation. Le joueur peut choisir de dĂ©velopper une civilisation, dont les critĂšres de dĂ©finition sont d’ailleurs problĂ©matiques, parmi plusieurs, sans hiĂ©rarchie a priori entre elles. Au centre du jeu, il y a l’habiletĂ© du joueur et sa capacitĂ© Ă  faire Ă©voluer sa civilisation. La victoire viendra de l’inventivitĂ© technique qu’il aura su insuffler Ă  celle qu’il aura prise en main. Le cours du jeu suit un Ă©volutionnisme et un ethnocentrisme dĂ©complexĂ©s » puisqu’une civilisation avance vers la domination mondiale Ă  coup d’inventions technologiques successives, en construisant aussi de fortes et grandes citĂ©s. Si toutes les civilisations sont ainsi calquĂ©es sur un modĂšle occidental, les mondes anciens ont toutefois un lien encore plus Ă©troit Ă  La civilisation. Les civilisations antiques apparaissent comme originelles » et sont permanentes dans l’offre du jeu, comme incontournables, alors que d’autres Iroquois, Zoulous
 sont des options qui disparaissent ou reparaissent au fil des versions. La GrĂšce et Rome disposent aussi d’un certain nombre de traits spĂ©cifiques et d’atouts technologiques discrets qui en font des civilisations d’élection pour les habituĂ©s. Par ailleurs la culture antique irrigue l’ensemble du processus d’évolution inventive les atouts culturels les merveilles » du monde par exemple et les innovations que peut dĂ©velopper telle ou telle civilisation choisie par le gamer » sont souvent pensĂ©s en rĂ©fĂ©rence aux langues ou cultures grecques et romaines. L’antiquitĂ© proposĂ©e n’est donc pas un monde ludique comme un autre ou un simple facteur d’exotisme elle est essentielle Ă  l’imaginaire de la civilisation elle-mĂȘme. 14La civilisation grĂ©co-romaine aurait le privilĂšge d’ĂȘtre la civilisation par excellence parce quelle aurait civilisĂ© l’humanitĂ©, en ayant inventĂ© des formes culturelles devenues le patrimoine de l’humanitĂ©, parce qu’elle aurait anticipĂ© sur la modernitĂ©. Ces inventions » jusqu’à celle de la notion mĂȘme d’ invention », sont en fait des inventions de notre modernitĂ©, comme le montrent les cinq analyses suivantes. 15Certains termes grecs prĂ©sents dans les langues modernes sont des catalyseurs d’imaginaire ; tel est le cas de l’enthousiasme », comme le montre Michel Briand, dans son article L’invention de l’enthousiasme poĂ©tique ». L’enthousiasme poĂ©tique est une invention moderne, crĂ©ant une illusion rĂ©trospective. Les modernes, qui opposent improvisation inspirĂ©e et technique d’écriture, attribuent aux poĂštes grecs archaĂŻques et classiques un rapport privilĂ©giĂ© avec le divin, l’inspiration ; ils auraient chantĂ©, possĂ©dĂ©s par une fureur mystique le dieu Ă©tait en eux ». Or pour les Grecs les aĂšdes Ă©taient Ă  la fois aimĂ©s des Muses et artisans de vers. Une archĂ©ologie des mots enthĂ©os, enthousiasmos, s’imposait. L’enquĂȘte philologique montre que le sens d’enthĂ©os n’est pas celui qu’une tradition Ă©tymologique lui donne, par une interprĂ©tation possessive – locative de l’adjectif enthĂ©os. L’adjectif enthĂ©os peut ĂȘtre l’équivalent emphatique de theios, et signifier trĂšs divin ». L’inspiration poĂ©tique sous l’effet de l’intĂ©riorisation d’un souffle transcendant, par laquelle le poĂšte-prophĂšte a un dieu en lui », vient relu par l’antiquitĂ© tardive et certains modernes directement de Platon, qui a comme souvent jouĂ© avec les mots et rapprochĂ© mantis la divination de mania la folie et inventĂ© une figure du poĂ©te-prophĂšte inspirĂ©. Cette inspiration prophĂ©tique rĂ©interprĂ©tĂ©e par les nĂ©o-platoniciens se retrouve chez certains mystiques chrĂ©tiens ou au contraire chez certains critiques du paganisme. La reconstruction moderne de l’inspiration grecque oppose Ă©criture et oralitĂ© comme une alternative radicale, projetant sur l’histoire de la poĂ©sie grecque le grand partage constitutif de la modernitĂ© depuis l’ñge romantique. 16La notion de personne charrie avec elle tout un imaginaire occidental philosophique, juridique et religieux du progrĂšs de la conscience. Florence Dupont en critique la prĂ©tendue invention par les Romains. Cette idĂ©e souvent reprise a notamment Ă©tĂ© soutenue par M. Mauss dans Une catĂ©gorie de l’esprit humain la notion de personne ». Or, le raisonnement de Mauss n’est pas une dĂ©monstration scientifique et repose sur une pensĂ©e a priori de la place dominante de Rome dans la civilisation occidentale. Sous l’apparence d’une enquĂȘte portant sur des faits sociaux, juridiques, et religieux, c’est en fait principalement l’hypothĂšse d’une Ă©volution sĂ©mantique du mot persona qui sous-tend l’exposĂ© de Mauss le masque rituel » archaĂŻque des ancĂȘtres deviendrait la personne juridique » du droit romain, dĂ©finitivement inventĂ©e Ă  la pĂ©riode classique. Le savant superpose en fait, dans un coup de force sĂ©mantique », les sens d’imago et de persona il n’y a aucune raison probante de penser que la persona Ă©tait un masque rituel d’ancĂȘtre au mĂȘme titre que l’imago. Quant Ă  la notion juridique de persona, elle ne renvoie pas non plus Ă  un ensemble de droits liĂ©s Ă  la personne », mais plutĂŽt Ă  un rĂŽle temporaire pris dans un procĂšs. La personne » ne se trouve donc pas dĂ©jĂ  dans la persona, et la dynamique historique d’une invention romaine de la personne voulue par Mauss disparaĂźt du mĂȘme coup. D’autres stratĂ©gies pour sauver l’invention de la personne se laissent voir l’essentialisation de la notion avant toute enquĂȘte philologique prĂ©alable ou encore l’utilisation de catĂ©gories modernes prĂ©construites. Elles ne laissent pas de surprendre chez un savant de cette ampleur. Quelles sont les causes possibles de ce discours fictionnel sur l’ invention » antique, dans le contexte de travail qui a Ă©tĂ© celui de l’ethnologue ? En posant cette question Florence Dupont ouvre la voie Ă  une critique pragmatique du recours Ă  la notion d’invention chez les antiquisants. 17L’histoire de la mĂ©decine n’est pas avare non plus d’ inventions », et les Grecs, avec leur lĂ©gendaire figure d’Hippocrate, ont une large part dans ce grand rĂ©cit, comme cherche Ă  le montrer Vivien Longhi dans un article intitulĂ© Hippocrate a-t-il inventĂ© la mĂ©decine d’observation ? ». Les traitĂ©s de la mĂ©decine hippocratique », par exemple ÉpidĂ©mies I-III et Pronostic, prĂ©sentent des relevĂ©s de signes pathologiques apparemment scrupuleux, oĂč le corps malade serait dotĂ© de sens par un mĂ©decin expert du pronostic. Au xviiie s., mĂ©decins et professeurs y voient les fondements de leur mĂ©decine d’observation, fille de la clinique, alors qu’il s’agit de textes largement spĂ©culatifs. Une approche pragmatique du regard mĂ©dical ancien dĂ©gagerait pourtant la mĂ©decine grecque mĂȘme, travestie par la notion moderne d’observation. 18Dans le domaine de l’histoire littĂ©raire s’érigent et pĂšsent encore sur les Grecs d’autres inventions ». Marie Saint-Martin, dans son article intitulĂ© L’invention de la tragĂ©die selon Pierre Brumoy de quelques piĂšges du relativisme » s’intĂ©resse aux rĂ©flexions modernes de P. Brumoy sur la tragĂ©die 1730. La recherche des inventeurs » du théùtre classique conduit l’auteur Ă  un certain nombre d’apories ou de thĂšses paradoxales. Eschyle et HomĂšre sont aussi bien l’un que l’autre considĂ©rĂ©s comme ses inventeurs. Les auteurs Ă©piques et tragiques grecs semblent avoir toujours Ă©tĂ© aristotĂ©liciens. Si les Grecs ainsi compris sont Ă  l’origine du théùtre classique, comment expliquer alors que leurs piĂšces ne soient plus apprĂ©ciĂ©es sur la scĂšne française ? La force originelle crĂ©atrice des anciens doit ĂȘtre reprise, cultivĂ©e et amendĂ©e par les modernes. Conserver les beautĂ©s universelles des anciens, mais en gommant et lissant leur barbarie et leur brutalitĂ©. Il faut une civilisation de la civilisation premiĂšre, pourrait-on dire en jouant sur les mots. AprĂšs ce travail de polissage le lien doit se rĂ©tablir entre la civilisation grecque et les nations policĂ©es, au premier chef desquelles la nation française. L’histoire de l’invention » de la tragĂ©die par les Anciens sert donc Ă  unir entre elles des nations culturellement supĂ©rieures. 19La notion mĂȘme d’invention finit par poser problĂšme, d’autant qu’elle reste utilisĂ©e chez ceux-lĂ  mĂȘmes qui sembleraient devoir la contester, comme le montre Anne-Gabrielle Wersinger dans L’invention de l’invention archĂ©ologie ou idĂ©ologie ? ». 20En sciences humaines, on constate l’inflation des titres mentionnant le mot ambigu d’invention. Et mĂȘme si l’anthropologie prĂ©tend en avoir fini avec les inventeurs grecs » et l’archĂ©ologie du Miracle grec », Gernet et Vernant ne se sont pas entiĂšrement dĂ©faits d’une interprĂ©tation dĂ©miurgique et progressiste de l’histoire. Et malgrĂ© l’autorĂ©fĂ©rentialitĂ© de l’anthropologie de Loraux ou Detienne, la critique des idĂ©ologies » rĂ©siste mal au paradigme promĂ©thĂ©en de l’innovation, qui s’impose dans l’institution de la recherche contemporaine. 21Cette derniĂšre Ă©tude notamment, en Ă©pilogue provisoire des prĂ©cĂ©dentes, montre qu’il reste Ă  repĂ©rer explicitement d’autres inventions », qui seraient Ă  soumettre Ă  une gĂ©nĂ©alogie philologique, Ă©pistĂ©mologique, historiographique, critique, en mĂȘme temps qu’à l’étude prĂ©cise de leurs usages idĂ©ologiques les plus contemporains. C’est Ă  une rĂ©flexion gĂ©nĂ©rale qu’on invite ici, sur le rĂŽle accordĂ©, voire imposĂ©, aux rĂ©fĂ©rences antiques, en particulier aux notions et catĂ©gories, comme celles de civilisation et d’invention, dans les sciences humaines et sociales, et d’autre part sur la valeur de critique radicale que peut avoir l’étude mĂȘme de l’AntiquitĂ©, pour nos catĂ©gories contemporaines les plus Ă©videntes.

Et un jour, lorsque les mots « faim » ou « sourire » seront les siens, l’homme se distancie et de la faim ou de la satisfaction qu’il ressent et de la mĂšre, qui le nourrit. Ils sont autres, l’autre. Ainsi, la parole de la mĂšre a sĂ©parĂ© l’adulte qu’il est de sa contiguĂŻtĂ© et de sa continuitĂ©, avec son monde. Pour que quelqu’un existe, il faut lui parler, le dĂ©signer par

Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Cette citation du poĂšte Paul Valery illustre parfaitement la pĂ©riode actuelle puisque l’humanitĂ© est confrontĂ©e Ă  une crise affectant tous les domaines de son existence, crise financiĂšre, Ă©conomique, sociale, politique, Ă©nergĂ©tique, technique, Ă©cologique, anthropologique...Cette crise n’est d’ailleurs pas seulement globale mais systĂ©mique, au sens oĂč quelque chose fait lien entre ses multiples facettes. Ce qui fait lien ce n’est pas tant que la sociĂ©tĂ© a sombrĂ© dans la dĂ©mesure, mais le fait que le paradigme fondateur de la civilisation marchande soit entrĂ© lui-mĂȘme en dissonance. Nous crevons tout autant de la victoire du processus de marchandisation, qui a conduit, depuis deux siĂšcles, Ă  rendre marchand tout ce qui pouvait l’ĂȘtre, qu’à l’impossibilitĂ© structurelle de ce mĂȘme processus de se poursuivre crise systĂ©mique n’est donc pas seulement une crise des mĂ©faits, bien rĂ©els, de la marchandisation mais un blocage structurel liĂ© Ă  la logique de marchandisation sommes donc face Ă  un grand mouvement de dĂ©marchandisation, malgrĂ© les efforts constants pour remarchandiser ce qui l’était moins grĂące aux conquĂȘtes sociales. La marchandisation appartient donc probablement au passĂ©, mĂȘme si nous n’en avons pas encore pleinement conscience, mĂȘme si nous ne sommes pas prĂȘts d’en finir avec le capitalisme, surtout qu’il pourrait trĂšs bien parvenir Ă  ouvrir de nouveaux champs Ă  la marchandise avec l’anthropocĂšne transhumaniste. La marchandisation est donc un passĂ© qui n’en a peut ĂȘtre pas fini, mais dont les dommages ne pourront que croĂźtre s’il s’obstine encore Ă  obstruer l’horizon historique et Ă  noyer nos vies dans les eaux glacĂ©es du calcul Ă©goĂŻste selon l’heureuse formule de Marx. Ce moment prĂ©sent est pourtant celui d’une relĂšve possible de ce principe qui se meurt en tant que paradigme dominant par un nouveau principe que le systĂšme voudrait refouler de sa vision. Albert Einstein disait que tant qu’on a la tĂȘte sous forme d’un marteau on perçoit tous les problĂšmes sous forme de clou. Tant que nous aurons la tĂȘte formatĂ©e par les globalivernes qui prĂ©sident Ă  la vision dominante du monde nous resterons dans l’incapacitĂ© de saisir ce qui se dĂ©veloppe. Nous devons donc redevenir des voyants comme nous y incitait Arthur nouvel Ăąge qui sonne Ă  la porte de l’humanitĂ© porte le joli nom de gratuitĂ©, ou, pour le dire de façon plus savante, de dĂ©fense et d’extension de la sphĂšre de la gratuitĂ©, car cette gratuitĂ© n’a jamais totalement disparu, mĂȘme au sein du versus marchandisation, deux gĂ©ants aux prises depuis des siĂšcles et dont nous retracerons sommairement l’histoire. GratuitĂ© versus marchandisation, deux plaques tectoniques dont les mouvements dĂ©gagent sous nos yeux de nouveaux continents. Nous partirons donc Ă  la dĂ©couverte des Ăźlots de gratuitĂ©. Nous nous demanderons quel rapport cette marche vers la sociĂ©tĂ© de la gratuitĂ© entretient avec l’idĂ©e galopante d’un revenu gratuitĂ©, dont je parle, est, bien sĂ»r, une gratuitĂ© construite, Ă©conomiquement construite, socialement construite, culturellement construite, politiquement, construite, Ă©cologiquement construite, juridiquement construite, anthropologiquement construite, etc. Il ne s’agit donc pas simplement de ces gratuitĂ©s naturelles » comme le soleil ni mĂȘme de ces gratuitĂ©s premiĂšres comme l’amour, l’amitiĂ©, la gentillesse, la solidaritĂ© qui donnent pourtant du prix Ă  la gratuitĂ©s, que j’évoque, se dĂ©veloppent avec le retour des communs, dont la forme peut ĂȘtre celle des services publics Ă  la française, ou, des nouveaux espaces de gratuitĂ© qui embellissent nos villes, boites Ă  livres, jardins partagĂ©s, dĂ©coration florale
Cette gratuitĂ© n’est pas la poursuite du vieux rĂȘve mensonger Demain, on rase gratis » ; elle ne croit plus aux lendemains qui chantent » car elle veut justement chanter au prĂ©sent ; elle ne promet pas une libertĂ© sauvage d’accĂšs aux biens et services, mais relĂšve d’une grammaire, avec ses grandes rĂšgles et ses exceptions. PremiĂšre rĂšgle la gratuitĂ© ne couvre pas seulement les biens et services qui permettent Ă  chacun de survivre comme l’eau vitale et le minimum alimentaire, elle sĂ©tend, potentiellement, Ă  tous les domaines de l’existence, y compris le droit au beau, le droit Ă  la nuit, le droit Ă  prendre part Ă  la culture et Ă  la politique. DeuxiĂšme rĂšgle si tous les domaines de l’existence ont vocation Ă  ĂȘtre gratuits, tout ne peut ĂȘtre gratuit dans chacun des domaines, et, pas seulement pour des raisons de rĂ©alisme comptable, mais parce que la gratuitĂ© est le chemin qui conduit Ă  la sobriĂ©tĂ©. TroisiĂšme rĂšgle le passage Ă  la gratuitĂ© suppose de transformer les produits et service prĂ©existants dans le but d’augmenter leur valeur ajoutĂ©e sociale, Ă©cologique et trois rĂšgles se rejoignent au sein d’un nouveau paradigme gratuitĂ© du bon usage face au renchĂ©rissement du mĂ©susage. Ces trois rĂšgles n’épuisent, bien sĂ»r, pas tous les dĂ©bats. Est-il possible de dĂ©montrer que la gratuitĂ©, loin de provoquer l’irresponsabilitĂ© dont on l’accuse, fait partie des solutions anti-gaspillage ? Comment s’opposer Ă  ceux qui clament que la gratuitĂ© aboutira au renforcement de Big-Brother et de Big-Mother, au contrĂŽle soupçonneux d’un cĂŽtĂ© et Ă  l’assistanat liberticide d’un autre ? Pourquoi la gratuitĂ© serait-elle plus efficace que les tarifs sociaux ? Cet ouvrage rĂ©pondra, sans faux fuyants, Ă  toutes les questions que se posent lĂ©gitimement les citoyens et les contribuables, car il faut bien lever les peurs, savamment entretenues, pour rouvrir le champ des possibles et avancer vers la voyage nous conduira Ă  la dĂ©couverte gourmande des mille et une expĂ©riences de gratuitĂ© qui fleurissent aujourd’hui gratuitĂ© de l’eau, de l’énergie, de la restauration scolaire, des services culturels, bibliothĂšques comme musĂ©es, des Ă©quipements sportifs, des services funĂ©raires, de la santĂ©, de l’enseignement, du logement, des transports en commun scolaires et urbains, de l’accĂšs aux services juridiques et aux donnĂ©es publiques, de la participation politique, des parcs et jardins publics, des espaces de jeux, de l’embellissement des villes, du numĂ©rique
Ce voyage fraye aussi des chemins plus escarpĂ©s pour passer de ces Ăźlots de la gratuitĂ© Ă  des archipels puis, demain, Ă  un continent. J’ai l’espoir que tous ces petits bouts de gratuitĂ© finiront par cristalliser, donnant naissance Ă  une nouvelle civilisation, laquelle cohabitera longtemps avec un secteur marchand de la mĂȘme façon qu’existent encore, aujourd’hui, des formes de vie prĂ©capitalistes. J’ai envie de croire, et j’ai de bonnes et de belles raisons pour cela, que cette sphĂšre de la marchandise dĂ©clinera jusqu’à disparaitre. Mais la gratuitĂ© ne fera sociĂ©tĂ© que si elle terrasse les quatre cavaliers de l’Apocalypse qui menacent l’humanitĂ© et la planĂšte, que si elle permet de commencer Ă  sortir de la marchandisation de la monĂ©tarisation, de l’utilitarisme, de l’économisme, que si elle nous conduit au-delĂ  de la logique des besoins et de la proposition paraĂźtra iconoclaste Ă  l’heure oĂč les tenanciers du capitalisme rĂ©pĂštent en boucle que ce qui serait sans valeur marchande perdrait humainement toute valeur, comme si l’amour et l’amitiĂ© n’existaient dĂ©jĂ  pas pour eux ; Ă  l’heure aussi oĂč la crise Ă©cologique leur sert de prĂ©texte pour Ă©tendre la sphĂšre de la marchandisation, selon les principes du pollueur-payeur » et de l’utilisateur payeur » en attendant que l’anthropocĂšne transhumaniste ne clore dĂ©finitivement ce dĂ©bat. Je sais bien qu’il reste des Bastille Ă  prendre mais nous n’y parviendrons qu’en brisant les images qui claquemurent nos vies. Ce voyage est un hymne au plus Ă  jouir » qu’offrira la gratuitĂ©, il dĂ©bouchera sur la sociĂ©tĂ© des usagers maĂźtres de leurs usages. Nous n’assistons pas seulement Ă  l’accouchement d’un nouveau monde car nous en sommes collectivement les vĂ©ritables acteurs. Le paradoxe veut que nous n’en soyons pas conscients car nous manquons d’outils intellectuels et de la sensibilitĂ© permettant de percevoir et de comprendre ce qui Ă©merge comme le signe annonciateur, une Ă©piphanie prometteuse, d’un autre futur. L’époque nous rend victimes d’un double tropisme aveuglant. Nous ne parvenons plus Ă  croire ce que nous savons car le dĂ©ni s’avĂšre ĂȘtre le principe structurant de nos existences collectives. Chacun sent bien que le capitalisme nous conduit dans le mur et pourtant nous continuons Ă  avancer comme si nous Ă©tions indiffĂ©rents au devenir du monde et Ă  celui de nos enfants. Le philosophe Pascal Ă©voquait la façon dont les multiples activitĂ©s nous distraient du sentiment de notre propre finitude. Ce refoulement s’est Ă©tendu aux menaces qui pĂšsent sur le devenir mĂȘme du genre humain compte tenu du risque d’effondrement. L’appel Ă  la responsabilitĂ© s’avĂšre d’une piĂštre utilitĂ© face au pĂ©ril. Ce constat pessimiste oblige Ă  refermer l’illusion des lumiĂšres l’accĂšs au savoir est bien une condition prĂ©alable Ă  l’émancipation mais il n’en est pas la condition. Comme l’écrit Gilles Deleuze, seul le dĂ©sir est rĂ©volutionnaire et la gratuitĂ© fonctionne au second blocage est tout aussi terrifiant puisque nous constatons que croire ce que l’on sait ne suffit pas toujours Ă  agir. Je ne parle mĂȘme pas ici d’une action rĂ©flĂ©chie et efficace. Le rĂ©quisitoire est Ă©tabli depuis si longtemps qu’il en est devenu assommant, au point de susciter la paralysie et le cynisme. Le sentiment d’impuissance Ă©teint les lumiĂšres dans nos tĂȘtes. La gratuitĂ© bouscule ce schĂ©ma mortifĂšre en introduisant d’autres formes d’intelligence. L’intelligence rationnelle conserve toute sa part et cet ouvrage apportera les informations, les analyses, les concepts qui sont autant de joyaux pour penser la transition. L’intelligence du cƓur est sollicitĂ©e car nous avons tous/toutes la gratuitĂ© chevillĂ©e au cƓur en raison de sa charge Ă©motionnelle liĂ©es Ă  nos relations amoureuses, amicales, affectives, bĂ©nĂ©voles. L’intelligence pratique s’avĂšre Ă©galement de l’ouvrage car la gratuitĂ© est d’abord du domaine du faire et d’un faire collectif. Ces intelligences de la raison, du cƓur et de la main s’épanouissent mieux en sociĂ©tĂ©, car la gratuitĂ© ne s’expĂ©rimente jamais seul. La gratuitĂ© s’oppose Ă  toute robinsonnade puisqu’elle fait sociĂ©tĂ©.
Nousautres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Paul ValĂ©ry Contexte historique : 1919 Paul VALÉRY (1871-1945), La Crise de l’esprit (1919). PremiĂšre Guerre mondiale, Ă©pilogue. Mot cĂ©lĂšbre et prophĂ©tique d’un intellectuel trĂšs
403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID Aejy-YsomsvIBc3_UtY-gAoXMbDG6Xi2UPHo3V8FYccRNnahmS5ENw==
Nousautres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles; nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, ♩ Ennemi mortel. Personne qui en hait une autre ou qui en est profondĂ©ment haĂŻe. Chacun y eĂ»t gardĂ© la parole pendant vingt minutes et fĂ»t restĂ© l'ennemi mortel de son antagoniste dans la discussion (Stendhal, Souv. Ă©gotisme, 1832,
Biographie - Paul ValĂ©ry Ecrivain, poĂšte et philosophe français. Naissance 1871 - DĂ©cĂšs 1945PĂ©riodeXXe siĂšcleXIXe siĂšcleLieu de naissance France Nous autres, civilisations, savons maintenant que nous sommes mortelles. Note Source La crise de l'esprit Traduction Anglais, Allemand Voir aussi... Paul ValĂ©ry a dit aussi... Une citation est une phrase sortie de son contexte. Pour mieux la lire et la comprendre, il convient donc de la restituer dans l'Ɠuvre et la pensĂ©e de l'auteur ainsi que dans son contexte historique, gĂ©ographique ou philosophique. Une citation exprime l'opinion de son auteur et ne saurait engager le site Attribution de l'image titre, auteur, licence et source du fichier original sur WikipĂ©dia. Modifications des modifications ont Ă©tĂ© apportĂ©es Ă  cette image Ă  partir de l'image originale recadrage, redimensionnement, changement de nom et de couleur. Abonnez-vous Ă  la Citation du Jour par email Pour recevoir une citation tous les jours envoyĂ©e par email, entrez votre adresse Email et cliquez sur envoyer. C'est gratuit, sans spam et vous pouvez vous dĂ©sinscrire Ă  tout moment. Feuilleteznotre Chronique sur la TroisiĂšme RĂ©publique pour tout savoir. « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » TLFi AcadĂ©mie9e Ă©dition AcadĂ©mie8e Ă©dition AcadĂ©mie4e Ă©dition BDLPFrancophonie BHVFattestations DMF1330 - 1500 MORTEL, -ELLE, adj. et − Adj. et − Adj. Qui est sujet Ă  la [En parlant d'un ĂȘtre vivant gĂ©n. un homme] Il y avoit lĂ  devant nous une crĂ©ature mortelle, convaincue de notre immortalitĂ© StaĂ«l,Allemagne, 1810, connais, monsieur, toute l'Ă©tendue de la perte que vous avez faite; mais, enfin, nous sommes tous mortels Jouy,Hermite, 1814, L'homme vint le dernier des animaux, parent de tous, et proche de quelques-uns. Les termes dont on le dĂ©signe encore aujourd'hui marquent son origine on l'appelle humain et mortel. A. France,Vie fleur, 1922, [P. mĂ©ton.]− [En parlant du corps de l'homme] Cette fiĂšvre qui ... gonflait Ă  la briser chaque veine, et dissĂ©quait chaque point de ce corps mortel en des millions de souffrances Dumas pĂšre, Monte-Cristo, 1846, ces griffes lĂ©gĂšres que la moindre douleur imprime sur un visage mortel Mauriac,Journal 1, 1934, [P. oppos. Ă  la partie immatĂ©rielle de l'homme l'Ăąme, l'esprit]RELIG. Corps mortel, chair mortelle. Et, maudissant Don Juan, lui jeta bas Son corps mortel, mais son Ăąme, non pas! Verlaine, ƒuvres compl., Jadis, 1884, DĂ©pouille mortelle, restes mortels. Cadavre. PrĂȘt Ă  dĂ©poser sa dĂ©pouille mortelle dans la terre Ă©trangĂšre Chateaubr.,MĂ©m., 1848, char emportant au PĂšre-Lachaise les restes mortels de Charles Hugo Verlaine, ƒuvres compl., Vingt-sept biogr. E. de Goncourt, 1896, sa dĂ©pouille, son enveloppe mortelle. Mourir. Quand l'Ăąme aura quittĂ© son enveloppe mortelle Maine de Biran,Journal, 1815, [P. oppos. Ă  des ĂȘtres immatĂ©riels dieux, anges] Si les anges daignoient revĂȘtir une forme mortelle pour apparoĂźtre aux hommes, ce seroit sous les traits de Maria Genlis,Chev. Cygne, 1795, est vrai qu'un vers d'HomĂšre ait subitement douĂ© Phidias du sentiment de la majestĂ© des dieux, lui ait appris Ă  la reprĂ©senter vivante Ă  des regards mortels Dusaulx,Voy. BarĂšge, 1796, race mortelle. La race humaine. Je veux ĂȘtre par toi prĂ©sent et favorable Ă  la race mortelle ValĂ©ry,VariĂ©tĂ© III, 1936, [En parlant de la condition de l'Homme] Existence, vie mortelle. Qu'il Ă©toit Ă©tonnant d'oser trouver des conformitĂ©s entre nos jours mortels et les Ă©ternels destins du maĂźtre du monde! Chateaubr.,GĂ©nie, jeudi. Ascension − Quelle belle fin de la vie mortelle de Notre-Seigneur JĂ©sus-Christ! Dupanloup,Journal, 1851, Par lĂ , la phrase de Vinteuil avait, comme tel thĂšme de Tristan par exemple, qui nous reprĂ©sente aussi une certaine acquisition sentimentale, Ă©pousĂ© notre condition mortelle, pris quelque chose d'humain qui Ă©tait assez touchant. Proust,Swann, 1913, Au fig. [En parlant d'un inanimĂ©] Qui peut pĂ©rir, disparaĂźtre. Il y avait tout l'amour dans leurs sourires mais ce n'Ă©tait qu'un pauvre amour mortel Beauvoir,Tous les hommes mort., 1946, Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles; nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d'empires coulĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins descendus au fond inexplorable des siĂšcles... ValĂ©ry,VariĂ©tĂ© III, 1936, − Subst. Être LittĂ©r. Ranime-toi, foible mortel, Ă  ce spectacle actif de la nature Saint-Martin,Homme dĂ©sir, 1790, Quelle est cette Ă©toile qui file, Qui file, file, et disparaĂźt? − Mon enfant, un mortel expire; Son Ă©toile tombe Ă  l'instant. BĂ©ranger,Chans., 1829, Audacieux, aveugle, chĂ©tif, faible, grossier, humble, insensible, fortunĂ©, malheureux, misĂ©rable, pauvre, perfide, vil [En constr. dans des loc. figĂ©es]♩ Une simple mortelle. Une personne comme les autres. AprĂšs tout, Marie n'avait-elle pas Ă©tĂ© une simple mortelle, une faible femme qui avait connu toutes les misĂšres de la vie Montalembert,Ste Élisabeth, 1836, Un heureux mortel. Une personne qui a de la chance. Je vous fĂ©licite, mon cher, vous ĂȘtes un heureux mortel Taine,Notes Paris, 1867, Les mortels. L'ensemble des humains, l'humanitĂ©. La lumiĂšre du jour si chĂšre aux mortels Chateaubr.,Martyrs, 1810, Le commun des mortels. Le plus grand nombre des hommes. M. Godeau ne pouvait plus respirer l'air du commun des mortels qui lui Ă©tait dĂ©parti Jouhandeau,M. Godeau, 1926, − AdjectifA. − Qui cause la mort. J'ai eu la bĂȘtise de consulter un mĂ©decin ... et bien entendu il m'a trouvĂ© trois ou quatre maladies mortelles MĂ©rimĂ©e,Lettres ctessede Montijo, 1841, Quelle, et si fine, et si mortelle, Que soit ta pointe, blonde abeille, Je n'ai, sur ma tendre corbeille, JetĂ© qu'un songe de dentelle. ValĂ©ry,Charmes, 1922, Être mortel Ă , pour qqn, qqc. L'heure oĂč l'ombre est mortelle Au voyageur suant qui s'arrĂȘte sous elle Barbier,Ïambes, 1840, Accident, breuvage, choc, combat, coup, danger, mal, pĂ©ril mortel; balle, blessure, dose, Ă©manation, maladie, menace, morsure, plaie mortelle.♩ Proverbe. Plaie d'argent n'est pas mortelle. Plaie d'argent n'est pas mortelle, dit-on; mais ces plaies-lĂ  ne peuvent pas avoir d'autre mĂ©decin que le malade Balzac,Illus. perdues, 1843, RELIG. CATHOL. PĂ©chĂ© mortel. PĂ©chĂ© qui enlĂšve Ă  l'Ăąme la grĂące de la vie Ă©ternelle. Ils communient tous les dimanches! Je vous garantis qu'ils n'accepteraient pas de vivre en Ă©tat de pĂ©chĂ© mortel Beauvoir,MĂ©m. j. fille, 1958, − P. hyperb. [CaractĂ©risant un subst. avec une valeur intensive]1. Qui est pĂ©nible, dĂ©sagrĂ©able ou ennuyeux Ă  mourir.− [Le subst. dĂ©signe des circonstances, un Ă©vĂ©nement auquel une pers. est confrontĂ©e] Il y a de cette ville Ă  cette autre dix mortelles lieues heures, deux heures mortelles pour le pauvre amoureux se passĂšrent ainsi, sans que M. MĂŒller vĂźnt Ă  bout de trouver l'Ă©tymologie de ranunculus Karr,Sous tilleuls, 1832, n'est pas de sa faute si je n'ai pas encore pris mal. Elle Ă©tablit dans les wagons des courants d'air mortels Mauriac,GĂ©nitrix, 1923, [Le subst. dĂ©signe le sentiment Ă©prouvĂ© face Ă  un Ă©vĂ©nement pĂ©nible ou ennuyeux] Puisque nous voici ensemble, ma chĂšre, dit-il en s'asseyant sur le sofa, au mortel dĂ©plaisir de Valentine, je suis rĂ©solu de vous entretenir d'une affaire assez importante Sand,Valentine, 1832, DaĂŻdha!!!» s'Ă©cria la foule... C'Ă©tait elle. Qui, sous l'horrible poids d'une angoisse mortelle, Au vague bruit d'enfants, par son coeur entendu, Était sortie au jour Ă  ses pas dĂ©fendu... Lamart.,Chute, 1838, DĂ©goĂ»t, ennui mortel; inquiĂ©tude, tristesse [En parlant d'un sentiment hostile] Qui est si aigu qu'il pourrait ĂȘtre homicide. Antipathie mortelle; ressentiment mortel. En butte Ă  la haine mortelle de ces hommes dont il dĂ©nonçait les crimes Clemenceau,Vers rĂ©paration, 1899, Ennemi mortel. Personne qui en hait une autre ou qui en est profondĂ©ment haĂŻe. Chacun y eĂ»t gardĂ© la parole pendant vingt minutes et fĂ»t restĂ© l'ennemi mortel de son antagoniste dans la discussion Stendhal,Souv. Ă©gotisme, 1832, Qui Ă©voque la mort, qui a les caractĂ©ristiques propres Ă  la mort. À ces mots, une pĂąleur mortelle couvrit le visage de Corinne StaĂ«l,Corinne, 1807, n'entendais aucun bruit. Ce silence mortel finit par m'effrayer si bien que je me levai sur la pointe des pieds nus et marchai vers la clartĂ© Duhamel,Notaire Havre, 1933, et Orth. [mɔ ʀtΔl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Sens passif sujet Ă  la mort» 1. fin xes. om mortal Passion, Ă©d. D'Arco Silvio Avalle, 339; ca 1160 subst. plusor mortal Eneas, 2285 ds 2. ca 1050 la mortel vithe St Alexis, Ă©d. Chr. Storey, 63; 3. 1269-78 richeces mortex Jean de Meun, Rose, Ă©d. F. Lecoy, 5227. B. Sens actif 1. ca 1100 qui souhaite la mort, qui porte la mort» sun mortel enemi Roland, Ă©d. J. BĂ©dier, 461; ca 1120-50 mortel serpent [Satan] Grant mal fist Adam, I, 2 ds 1155 mortel tirant Wace, Brut, 6131, ibid.; 2. ca 1100 une mortel bataille Roland, 658; id. mortel rage ibid., 747; 1155 mortel hĂ€ine Wace, op. cit., 14410, ibid. 1erquart xiiies. relig. chrĂ©t. pekiĂ© mortal Renclus de Molliens, Miserere, 71, 1, ibid.; 3. 1572 mortel poison Amyot, Hommes illustres, PompĂ©e, 50, Ă©d. GĂ©rard-Walter, ds ƒuvres. C. de mort, concernant la mort» 1130-40 cri mortel Geoffroi Gaimar, Estoire des Engleis, Ă©d. A. Bell, 4421 Li reis criad un cri mortel, L'aneme s'en vait ...; 1174-87 lit mortel ChrĂ©tien de Troyes, Perceval, Ă©d. F. Lecoy, 4816. Empr. au lat. mortalis sujet Ă  la mort, pĂ©rissable; humain, mortel; des mortels» − subst. ĂȘtre humain» − ; mortel, qui donne la mort», spĂ©c. mortale crimen, mortalia delicta pĂ©chĂ© mortel» dans la lang. chrĂ©t. FrĂ©q. abs. littĂ©r. 3398. FrĂ©q. rel. littĂ©r. xixes. a 7739, b 4143; xxes. a 3901, b 3280. Bbg. Henning Mortel, ange et dĂ©mon. Mod. Lang. Notes. 1938,
Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles" Nous devons Ă  un militant du CPTG la traduction d'un article d'ATTAC Italie. Il nous a paru assez pertinent pour que
DĂ©couvrez les 73 citations sur Civilisation, les meilleures citations civilisation, des phrases cĂ©lĂšbres ainsi que des citations de cĂ©lĂ©britĂ©s sur Civilisation. CIVILISATION Vous recherchez une citation sur le thĂšme de Civilisation ? A la mesure que les peuples montent en civilisation, les gouvernements descendent en police. , cette citation de Jules BARBEY D’AUREVILLY fait partie de notre sĂ©lection ainsi que L'admission des femmes Ă  l'Ă©galitĂ© parfaite serait la marque la plus sĂ»re de la civilisation, et elle doublerait les forces intellectuelles du genre humain. de Stendhal, l'une des plus belles citations sur Civilisation. Voir les thĂšmes de citations Commençant par C. 73 citations sur Civilisation. DĂ©couvrez ci-dessous les meilleures citations civilisation, des phrases cĂ©lĂšbres ainsi que des citations de cĂ©lĂ©britĂ©s sur Civilisation. Ci-dessous 73 citations Civilisation Recherche de citations par thĂšmes Un soir oĂč la mer pĂ©nĂštre Dans les pays de montagne Un soir oĂč on est plus jeune que sa jeunesse, Un soir oĂč l’on a beaucoup souffert mais oĂč plus rien Plus rien n’est vain, plus rien n’est pour la cendre.; Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulĂ©s Ă  pic 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. Try again later, or contact the app or website owner. If you provide content to customers through CloudFront, you can find steps to troubleshoot and help prevent this error by reviewing the CloudFront documentation. Generated by cloudfront CloudFront Request ID m_pziGf6IZ0OBFIbzgRV7Rbz0rEYLwjS2TymptomMtcf1rAivqa-uA== Introduction: « Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Cette phrase cĂ©lĂšbre, rĂ©digĂ©e par Paul ValĂ©ry en 1919 figure dans un essai, publiĂ© Ă  la NFR, Ă©tant intitulĂ© La crise de L’Esprit, qui par ailleurs sert de dĂ©but de phrase Ă  son texte philosophique VariĂ©tĂ© I. La date indiquĂ©e nous indique dĂ©jĂ  le contexte histoire, nous sommes Ă  Nous autres, civi­li­sa­tions, nous savons main­te­nant que nous sommes mor­telles. Nous avions enten­du par­ler de mondes dis­pa­rus tout entiers, d’empires cou­lĂ©s Ă  pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins ; des­cen­dus au fond inex­plo­rable des siĂšcles avec leurs dieux et leurs lois, leurs aca­dé­mies et leurs sciences pures et appli­quĂ©es, avec leurs gram­maires, leurs dic­tion­naires, leurs clas­siques, leurs roman­tiques et leurs sym­bo­listes, leurs cri­tiques et les cri­tiques de leurs cri­tiques. Nous savions bien que toute la terre appa­rente est faite de cendres, que la cendre signi­fie quelque chose. Nous aper­ce­vions Ă  tra­vers l’épaisseur de l’histoire, les fan­tĂŽmes d’immenses navires qui furent char­gĂ©s de richesse et d’esprit. »Paul Valé­ry La crise de l’esprit, Ă©di­tions NRF, 1919 CommentrĂ©pondre Ă  l'angoisse toujours prĂ©sente un siĂšcle aprĂšs que ValĂ©ry eut Ă©noncĂ© : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles »? D'abord et simplement par un retour Ă  ses fondamentaux. Un territoire qui n'inclut ni le Maghreb ni la Turquie ni la partie orientale de la Russie. Tribune libre de Pierre-François Ghisoni* Civilisations, nous sommes mortelles ! Reste Ă  le » savoir comme le prĂ©cisait Paul ValĂ©ry dans VariĂ©tĂ©s Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. » Et j’ose ajouter reste Ă  savoir si nous ne sommes pas dans la derniĂšre phase. Il n’est pas d’Ɠuvre humaine qui ne soit condamnĂ©e Ă  pĂ©rir. Cela va du moindre Ă©crit comme celui-ci Ă  la civilisation dans laquelle il s’insĂšre. Et les exemples ne manquent pas dans le monde. Celui qui aurait prĂ©dit au soir du 15 novembre 1532 que l’empire inca disparaĂźtrait sous les coups de douze Espagnols aurait risquĂ© sa vie. Le 16 au soir
 un Inca le titre Ă©quivalent Ă  empereur et le lendemain
 un prisonnier qui paiera la plus grosse rançon de l’histoire et sera nĂ©anmoins exĂ©cutĂ©. On pourrait multiplier les exemples. Byzance, son empire et sa civilisation tombĂšrent en 1453 au milieu de querelles byzantines ». Vraie ou arrangĂ©e, nous est restĂ©e celle portant sur le sexe des anges ». Alors, la France de 2013 ? Comment ne pas ĂȘtre frappĂ© des similitudes internes avec les derniĂšres Ă©lucubrations de cette minoritĂ© de minoritĂ© et de ce gouvernement, dont on ne sait plus qui supporte l’autre, qui est la corde, qui est le pendu ? Comment ne pas ĂȘtre frappĂ© des similitudes externes au moment oĂč aujourd’hui, le mĂȘme gouvernement relance la question du droit de vote des Ă©trangers, alors qu’il subit et abandonne les zones de non-droit Ă  une nouvelle fĂ©odalitĂ© barbare ? Oui, les civilisations meurent. Elles meurent par la concomitance de fĂȘlures internes et externes qui en atteignent les Ɠuvres vives, maquillĂ©es par un hideux replĂątrage. Elles meurent Ă  cause des mannequins tonitruants aux pieds d’argile. Elles laissent des traces, et d’autres les remplacent. Elles meurent, soit parce qu’elles ont fait leur temps, soit parce qu’on n’a pas voulu traiter quand cela Ă©tait encore possible. Une civilisation Ă  visage humain Elisabeth KĂŒbler-Ross, dont les travaux font autoritĂ©, dĂ©gage cinq stades successifs lorsqu’un diagnostic fatal est annoncĂ© aux humains que nous sommes le dĂ©ni, la colĂšre, le marchandage, la dĂ©pression, l’acceptation. Reste Ă  savoir comment une sociĂ©tĂ© se comporte en la matiĂšre. Reste Ă  rĂ©flĂ©chir, peut-ĂȘtre Ă  agir. Agir, c’est avoir acceptĂ© d’entendre, c’est faire le bilan des possibles sans se masquer les impossibles, c’est, prendre l’une des voies ouvertes aprĂšs le stade d’acceptation laisser-aller, s’y diriger bravement, lĂ©guer pour que le tĂ©moignage perdure. Ici encore, les exemples historiques ne manquent pas, mais mieux vaut y rĂ©flĂ©chir que d’alourdir ce texte. Mieux vaut faire le bilan
 sans nĂ©gliger l’espoir, mais sans s’y accrocher aveuglĂ©ment. Une conclusion provisoire C’est en ce sens qu’il faut comprendre les dĂ©parts, les envies de dĂ©part, ou au contraire les envies de rĂ©sistance, d’enracinement, les affirmations, parfois pĂ©tries de courage, parfois pures rodomontades. C’est en ce sens qu’il faut revoir les raisons que lancent haut et fort un Depardieu, les alibis financiers d’un Arnault et de tant d’autres intouchables. C’est en ce sens que nous continuerons. *Pierre-François Ghisoni blog est Ă©crivain et Ă©diteur. InterpellĂ©sur La Crise de l’Esprit et sa fameuse phrase initiale (« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles » [ValĂ©ry, 1924 : 988]), l’auteur en appelle Ă  la mĂ©fiance et Ă  la circonspection concernant les affirmations sur l’histoire et la civilisation, et finit par Ă©crire : « C’est un jeu ; ce n’est qu’un jeu. La pandĂ©mie du coronavirus souligne non seulement “ l’insoutenable lĂ©gĂšretĂ© de l’ĂȘtre” mais de notre civilisation postmoderne et postindustrielle. Est-il concevable que, malgrĂ© les progrĂšs de la mĂ©decine, nous soyons rĂ©duits Ă  nous calfeutrer chez nous pour prĂ©venir la propagation de la maladie ? Que resurgissent les grandes peurs, comme celles que provoquait la peste au Moyen-Ăąge ? Grandeur et misĂšre de la condition humaine ! Les dieux ont-ils voulu punir les hommes d'avoir voulu les Ă©galer aprĂšs les avoir mis Ă  mort ? L'avĂšnement d'un " Homo deus" prophĂ©tisĂ© par Shlomo Sand paraĂźt bien lointain face au cataclysme viral de dimension biblique qui frappe aujourd’hui l’humanitĂ©. L’histoire nous apprend qu’aprĂšs les grandes crises il n’y a jamais fermeture de la parenthĂšse. Il y aura certes un jour d’aprĂšs. Mais l’ampleur de la crise Ă©conomique, sociale et politique pourrait nous mener vers un monde diffĂ©rent. A cela s’ajouter les risques d’une crise morale comparable Ă  celle qui s’est produite aprĂšs chacune des deux guerres mondiales qui ont Ă©tĂ© un choc pour l’idĂ©e de progrĂšs et de la croyance en un monde meilleur. Il a suffi d’un grain de sable pour gripper le mĂ©canisme de notre Ă©conomie mondialisĂ©e ; plus fragile parce que plus interconnectĂ©e que par le passĂ©. Le Fond MonĂ©taire International estime mĂȘme que le coronavirus pourrait engendrer les pires consĂ©quences Ă©conomiques au niveau mondial depuis la grande crise de 1929. Cette rĂ©cession va probablement freiner le processus de mondialisation, et de libre circulation des biens. Elle risque d’exacerber la guerre Ă©conomique entre la Chine d'une part et les Etats-Unis et l'Europe d'autre part. Ces derniers voudront sans doute amoindrir leur dĂ©pendance envers la Chine en relocalisant certaines industries. Quand l’Empire du Milieu avait le monopole de la production de la soie, il prit des mesures drastiques afin d’empĂȘcher l'exportation de ce savoir-faire, avant que des marchands italiens ne parviennent finalement Ă  en dĂ©rober le secret Ă  la fin du Moyen-Ăąge. Plus naĂŻf, l'Occident a permis au cours des trois derniĂšres dĂ©cennies Ă  la Chine de piller ses technologies et d’accumuler un excĂ©dent commercial colossal Ă  son dĂ©triment. Donald Trump a Ă©tĂ© le premier Ă  prendre la mesure de ce danger. L'Europe lui emboĂźtera-t-elle le pas ? La maitrise dont a fait preuve la Chine pour juguler l’épidĂ©mie est en tout cas un indice rĂ©vĂ©lateur du dĂ©fi grandissant que pose Ă  l’Occident son modĂšle autoritaire, sa puissance Ă©conomique et ses avancĂ©es technologiques, ainsi que du dĂ©placement du centre de gravitĂ© du monde vers l'Empire du plan politique, la crise a rĂ©vĂ©lĂ© Ă  la fois les limites de la gouvernance mondiale dans le cadre de l'utopie appelĂ©e " communautĂ© internationale" et des gestes de solidaritĂ© de la part de certains pays, contrastant avec le repli nationaliste et Ă©goĂŻste d’autres pays. C’est ainsi par exemple que Cuba, la Chine et la Russie ont envoyĂ© des Ă©quipes mĂ©dicales pour aider l'Italie Ă  lutter contre le coronavirus, contrairement Ă  ses voisins et partenaires au sein de l'Union EuropĂ©enne l'Allemagne et la France, ce qui a suscitĂ© une profonde amertume de la part des Italiens. Certes finalement les membres de l’Union EuropĂ©enne sont parvenus Ă  un accord sur un fond de soutien commun Ă  l’économie qualifiĂ© de grand jour pour la solidaritĂ© europĂ©enne » par Berlin. Il n’en reste pas moins que la pandĂ©mie qui a surtout frappĂ© l’Italie et l’Espagne montre la fracture bĂ©ante entre les pays du Nord et du Sud de l’Union EuropĂ©enne dĂ©jĂ  Ă©branlĂ©e par le Brexit. Au niveau individuel, selon Boris Cyrulnik Il y a deux catĂ©gories de gens ceux qui vont souffrir du confinement et ceux qui le vivent comme une forme de ressourcement » Provoquera-t-il chez eux un changement de valeurs, de paradigmes ? Une revalorisation d’un mode de vie d’avantage en harmonie avec soi-mĂȘme, les autres et la nature. Au niveau global y aura-t-il un monde d’avant et d’aprĂšs la catastrophe ? Une remise en question du modĂšle Ă©conomique nĂ©olibĂ©ral ? Une rĂ©affirmation de la souverainetĂ© de l’Etat et un renforcement de la compĂ©tition entre Etats, ou au contraire une prise de conscience de la nĂ©cessitĂ© d’une meilleure coopĂ©ration face aux dĂ©fis communs qu’affronte l’humanitĂ© ? S’ajoutant au rĂ©chauffement climatique dĂ©noncĂ© par sa jeune Cassandre, la crise provoquĂ©e par le coronavirus montre en tout cas qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond sur notre petite planĂšte. Et les habitants desautres planĂštes de notre galaxie doivent se rĂ©jouir que les hommes n'aient pas encore inventĂ© des vaisseaux spatiaux capables d'arriver jusqu’à reineabbas Lectured'un extrait de Paul ValĂ©ry=== ABONNE-TOI === RETROUVE-MOI SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX ===TWITTER https://t Ne nous laissons pas prendre par le discours culpabilisant de gouvernements dont les discours martiaux du style "nous sommes en guerre" cachent de plus en plus mal qu'ils ont failli Ă  leur tĂąche. Car cette image mĂȘme fait penser Ă  nos brillants stratĂšges des deux conflits mondiaux qui menaient une guerre selon les principes de la prĂ©cĂ©dente les causes des Ă©vĂšnements actuels, ce sont les rĂ©ductions budgĂ©taires qui, en Italie comme en France, ont conduit Ă  la faillite de systĂšmes hospitaliers qui Ă©taient parmi les meilleurs du monde, au nom du sacro-saint pacte de stabilitĂ© ; ce sont des pratiques d'Ă©vasion fiscale tolĂ©rĂ©es par les Gouvernements et par l'Union EuropĂ©enne qui ont englouti des hĂŽpitaux et des Ă©coles ; c'est la prioritĂ© aux profits des entreprises qui a conduit Ă  des dĂ©localisations sous des cieux bĂ©nis oĂč le coĂ»t du travail est dĂ©risoire ; c'est la dĂ©pendance qui en rĂ©sulte qui a causĂ© une pĂ©nurie des moyens de protection Ă©lĂ©mentaires, mĂȘme pour le personnel soignant ; c'est la soumission servile de nos soi-disant reprĂ©sentants, qui ne savent mĂȘme plus comment s'Ă©crivent les mots "intĂ©rĂȘt commun", aux lobbies industriels et commerciaux ; c'est l'Ă©goĂŻsme europĂ©en dĂ©jĂ  rĂ©vĂ©lĂ© Ă  l'occasion de la crise de la dette publique, qui va aujourd'hui jusqu'Ă  faire voler par un pays le matĂ©riel sanitaire destinĂ© Ă  un autre. Si cette crise ne conduit pas Ă  une remise en cause de nos fondamentaux Ă©conomiques et financiers, nous pourrons Ă©crire sur le fronton de nos mairies, en lieu et place de la devise de la RĂ©publique, cette phrase de Paul ValĂ©ry "Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles". Car ce qui provoque l'effondrement des civilisations, c'est la sclĂ©rose d'institutions qui ne peuvent plus rĂ©pondre Ă  de nouveaux dĂ©fis. Et Paul ValĂ©ry ajoute "les circonstances qui enverraient les Ɠuvres de Keats et celles de Baudelaire rejoindre les Ɠuvres de MĂ©nandre ne sont plus du tout inconcevables. Elles sont dans les journaux".Et maintenant, l'article d'Attac ItalieUne des stratĂ©gies les plus efficaces mises en Ɠuvre dans toute situation d'urgence par les pouvoirs forts consiste Ă  culpabiliser les individus pour obtenir d'eux qu'ils intĂ©riorisent la narration dominante sur les Ă©vĂ©nements en cours, afin d'Ă©viter toute forme de rĂ©bellion envers l'ordre stratĂ©gie a Ă©tĂ© largement mise en Ɠuvre dans la derniĂšre dĂ©cennie avec le choc de la dette publique, prĂ©sentĂ© comme la consĂ©quence de modes de vie dĂ©raisonnables, oĂč l'on vivait au-dessus de ses moyens sans faire preuve de responsabilitĂ© envers les gĂ©nĂ©rations Ă©tait d'Ă©viter que la frustration due Ă  la dĂ©gradation des conditions de vie de larges couches de la population ne se transforme en rage contre un modĂšle qui avait donnĂ© la prioritĂ© aux intĂ©rĂȘts des lobbies financiers et des banques sur les droits des bien cette stratĂ©gie qu'on est est en train de dĂ©ployer dans la phase la plus critique de l'Ă©pidĂ©mie de a mis le roi Ă  nu et fait ressortir toutes les impostures de la doctrine systĂšme sanitaire comme celui de l'Italie, qui jusqu'il y a dix ans Ă©tait l'un des meilleurs du monde, a Ă©tĂ© sacrifiĂ© sur l'autel du pacte de stabilitĂ© des coupes budgĂ©taires d'un montant global de 37 milliards et une rĂ©duction drastique du personnel moins personnes, entre mĂ©decins et infirmiĂšres, avec pour brillant rĂ©sultat la disparition de plus de lits d'hĂŽpital – ce qui veut dire, s'agissant de la thĂ©rapie intensive de dramatique actualitĂ©, qu'on est passĂ© de 922 lits pour habitants en 1980 Ă  275 en cela dans le cadre d'un systĂšme sanitaire progressivement privatisĂ©, et soumis, lorsqu'il est encore public, Ă  une torsion entrepreneuriale obsĂ©dĂ©e par l'Ă©quilibre la mise Ă  nu du roi soit partie de la Lombardie est on ne peut plus illustratif cette rĂ©gion considĂ©rĂ©e comme le lieu de l'excellence sanitaire italienne est aujourd'hui renvoyĂ©e dans les cordes par une Ă©pidĂ©mie qui, au cours du drame de ces derniĂšres semaines, a prouvĂ© la fragilitĂ© intrinsĂšque d'un modĂšle Ă©conomico-social entiĂšrement fondĂ© sur la prioritĂ© aux profits d'entreprise et sur la prééminence de l'initiative remettre en question ce modĂšle, et courir ainsi le risque que ce soit tout le chĂąteau de cartes de la doctrine libĂ©rale qui s'Ă©croule en cascade ? Du point de vue des pouvoirs forts, c'est ainsi dĂ©marre la phase de culpabilisation des n'est pas le systĂšme sanitaire, dĂ©-financĂ© et privatisĂ© qui ne fonctionne pas ; ce ne sont pas les dĂ©crets insensĂ©s qui d'un cĂŽtĂ© laissent les usines ouvertes et encouragent mĂȘme la prĂ©sence au travail par des primes et de l'autre rĂ©duisent les transports, transformant les unes et les autres en lieux de propagation du virus ; ce sont les citoyens irresponsables qui se comportent mal, en sortant se promener ou courir au parc, qui mettent en pĂ©ril la rĂ©sistance d'un systĂšme efficace par chasse moderne, mais trĂšs ancienne, au semeur de peste est particuliĂšrement puissante, car elle interfĂšre avec le besoin individuel de donner un nom Ă  l'angoisse de devoir combattre un ennemi invisible ; voilĂ  pourquoi dĂ©signer un coupable les irresponsables », en construisant autour une campagne mĂ©diatique qui ne rĂ©pond Ă  aucune rĂ©alitĂ© Ă©vidente, permet de dĂ©tourner une colĂšre destinĂ©e Ă  grandir avec le prolongement des mesures de restriction, en Ă©vitant qu'elle ne se transforme en rĂ©volte politique contre un modĂšle qui nous a contraints Ă  la compĂ©tition jusqu'Ă  Ă©puisement sans garantir de protection Ă  aucun de Ă  nous comporter de façon responsable et faisons-le avec la dĂ©termination de qui a toujours Ă  l'esprit et dans le cƓur une sociĂ©tĂ© commençons Ă  Ă©crire sur tous les balcons Nous ne reviendrons pas Ă  la normalitĂ©, car la normalitĂ©, c'Ă©tait le problĂšme. »Pour ceux qui lisent l'Italien, le lien avec le texte original

Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles», constatait Paul Valéry au sortir de la premiÚre guerre mondiale. Qu'est-ce qu'éduquer en cette fin d'un siÚcle marqué par l'enthousiasme, l'horreur et la désillusion? Comment transmettre à la génération suivante le savoir - ce que la langue germanique

Curieux insatiables, nos contemporains s'interrogent sans fin sur les civilisations. Un ministre de l'IntĂ©rieur a pu ainsi observer Contrairement Ă  ce que dit l'idĂ©ologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas 
. Celles qui dĂ©fendent l'humanitĂ© nous paraissent plus avancĂ©es que celles qui la nient. Celles qui dĂ©fendent la libertĂ©, l'Ă©galitĂ© et la fraternitĂ©, nous paraissent supĂ©rieures Ă  celles qui acceptent la tyrannie, la minoritĂ© des femmes, la haine sociale ou ethnique » Claude GuĂ©ant, 4 fĂ©vrier 2012. Le propos a fait polĂ©mique en raison du flou qui entoure le mot civilisations » au pluriel. Demandons-nous ce que recouvre ce mot que le ministre français a employĂ© en lieu et place du mot sociĂ©tĂ©s ». On peut lĂ©gitimement prĂ©fĂ©rer la sociĂ©tĂ© allemande du temps de Bach Ă  la sociĂ©tĂ© allemande du temps de Hitler mĂȘme si l’une et l’autre relĂšvent de la culture allemande, elle-mĂȘme partie intĂ©grante de la civilisation europĂ©enne. Allons-nous pour autant vers une civilisation planĂ©taire construite autour de valeurs universelles ? Rien n’est moins sĂ»r
 AndrĂ© LaranĂ©, avec la contribution d'Isabelle GrĂ©gor Pas de civilisation » avant le XVIIIe siĂšcle ! Bien que d’apparence commune, le mot civilisation » n’a que trois siĂšcles d’existence. Il est issu du latin civis, c'est-Ă -dire citoyen, et de civitas, qui dĂ©signe la citĂ©, autrement dit l’ensemble des citoyens. Il apparaĂźt d’abord dans le vocabulaire juridique pour dĂ©signer le fait de rendre civile une matiĂšre criminelle ! C'est au siĂšcle des LumiĂšres qu'il commence Ă  se montrer dans un sens moderne. On le repĂšre en 1758 dans L’Ami des Hommes, un essai politique de Victor Riqueti de Mirabeau, le pĂšre du tribun rĂ©volutionnaire C'est la religion le premier ressort de la civilisation », c'est-Ă -dire qui rend les hommes plus aptes Ă  vivre ensemble. On le retrouve en 1770 dans L’Histoire des Deux Indes, un ouvrage majeur du siĂšcle des LumiĂšres, attribuĂ© Ă  l’abbĂ© de Raynal et plus probablement Ă  Diderot La civilisation d'un empire est un ouvrage long et difficile ». Dans cet ouvrage, le mot civilisation » est employĂ© comme synonyme de rendre policĂ© » de polis, citĂ© en grec. Il exprime le processus qui permet aux hommes de s’élever au-dessus de l’état de nature, en corrĂ©lation avec le dĂ©veloppement des villes. À ce propos, il n’est pas anodin d’observer que les adjectifs apparentĂ©s civilisĂ© », policĂ© » et urbain » au sens d’urbanitĂ© viennent de mots latins ou grecs qui dĂ©signent tous la ville ou la citĂ© civitas, polis, urbs. En 1795, Ă  la fin de la RĂ©volution, le mot civilisation a les honneurs du dictionnaire de l'AcadĂ©mie française avec la dĂ©finition suivante Action de civiliser, ou Ă©tat de ce qui est civilisĂ© ». L'Ă©dition de 1872 est plus prĂ©cise État de ce qui est civilisĂ©, c'est-Ă -dire ensemble des opinions et des mƓurs qui rĂ©sulte de l'action rĂ©ciproque des arts industriels, de la religion, des beaux-arts et des sciences ». Elle ne porte pas de jugement de valeur ni n’établit de comparaison entre diffĂ©rentes formes de civilisations. Le barbare n'est pas celui qu'on croit Les jugements de valeur ont longtemps Ă©tĂ© Ă©trangers Ă  la pensĂ©e occidentale. Quand les anciens Grecs inventent le mot barbare, il s’agit simplement d'une onomatopĂ©e par laquelle ils dĂ©signent les gens qui ne parlent pas leur langue. Le sens du mot Ă©volue Ă  la fin de l’AntiquitĂ© quand, choquĂ©s par la violence des invasions germaniques, les Romains commencent Ă  opposer sauvagerie et civilisation humanitas. Le mot barbare prend alors une consonance pĂ©jorative en dĂ©signant l'ensemble des peuples hostiles qui vivent aux confins de l'empire. Mais les Romains et leurs hĂ©ritiers, chrĂ©tiens Ă  l’ouest, majoritairement musulmans Ă  l’est, demeurent Ă©trangers aux jugements de valeur et plus encore aux catĂ©gories raciales. Au Moyen Âge, pour les disciples du Christ comme pour ceux de Mahomet, tous les hommes ont vocation Ă  rejoindre leur foi. À ce propos, retenons l’observation ironique de l'historien britannique Arnold Toynbee, publiĂ©e en 1972 Au lieu de diviser l’humanitĂ© comme nous le faisons, en hommes de race blanche et en hommes de couleur, nos ancĂȘtres les divisaient en chrĂ©tiens et en paĂŻens. Nous ne pouvons manquer d’avouer que leur dichotomie valait mieux que la nĂŽtre tant sur le plan de l’esprit que de la morale» L’Histoire, Elsevier, 1972, traduction 1978. Curieux de tout, les EuropĂ©ens du Moyen Âge, une fois qu’ils eurent fait le tour de leur monde imaginaire bestiaire, gargouilles
, s’échappĂšrent de l’étroite fin de terre » dans laquelle ils sont piĂ©gĂ©s. Ils empruntĂšrent la seule voie qui leur fut ouverte, la voie ocĂ©anique, et c'est ainsi qu' Ils regardaient monter en un ciel ignorĂ©/Du fond de l’OcĂ©an des Ă©toiles nouvelles » JosĂ© Maria de Heredia. Brutales rencontres La rencontre avec les peuples du Nouveau Monde est brutale, d’autant plus meurtriĂšre que s’immisce le flĂ©au des Ă©pidĂ©mies. Elle rĂ©vĂšle aussi aux EuropĂ©ens l’infinie diversitĂ© de la condition humaine Mais quoi, ils ne portent point de hauts-de-chausses ! » Cette rĂ©flexion amusĂ©e conclut le passage des Essais rĂ©digĂ© par Montaigne aprĂšs sa rencontre avec trois Indiens du BrĂ©sil, Ă  Rouen, en 1562. Montaigne ne s’en tient pas lĂ . DĂ©crivant les mƓurs cruelles des cannibales » dico, il ajoute Je trouve, pour revenir Ă  mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, Ă  ce qu’on m’en a rapportĂ© sinon que chacun appelle barbarie, ce qui n’est pas de son usage ». Et prĂ©cise Je pense qu’il y a plus de barbarie Ă  manger un homme vivant qu’à le manger mort, Ă  dĂ©chirer par tourments et par gĂ©hennes, un corps encore plein de sentiment, Ă  le faire rĂŽtir par le menu ». La critique vise ses contemporains qui se dĂ©chirent dans les guerres de religion. Montaigne les amĂšne Ă  rĂ©flĂ©chir sur leur conduite par une mise en parallĂšle avec une autre conduite, le cannibalisme, que son Ă©loignement permet d’observer avec dĂ©tachement. Cette dĂ©marche sera reprise un siĂšcle plus tard par Montesquieu dans les Lettres persanes. Ses deux hĂ©ros, Usbek et Rica, par leur questionnement sur la sociĂ©tĂ© française, amĂšnent les lecteurs Ă  remettre en question leurs certitudes. Pour ces penseurs Ă©clairĂ©s, il s’agit non pas de condamner ou rĂ©prouver mais simplement de faire progresser des pratiques figĂ©es dans l’habitude et la routine. En prĂ©venant les Occidentaux contre le pĂ©chĂ© d’arrogance et le sentiment qu’ils n’ont rien Ă  apprendre de quiconque, l’ouverture aux sociĂ©tĂ©s Ă©trangĂšres devient un moteur de l’innovation. Elle s’avĂšre efficace si l’on en juge par la liste des emprunts Ă©trangers dans les sociĂ©tĂ©s de la Renaissance et du siĂšcle des LumiĂšres, depuis le tabac, originaire du BrĂ©sil, jusqu’au recrutement des hauts fonctionnaires par concours, selon la pratique chinoise du mandarinat. PubliĂ© ou mis Ă  jour le 2021-08-23 053815 K4xGXSs.
  • ackyf374ms.pages.dev/381
  • ackyf374ms.pages.dev/448
  • ackyf374ms.pages.dev/9
  • ackyf374ms.pages.dev/411
  • ackyf374ms.pages.dev/23
  • ackyf374ms.pages.dev/75
  • ackyf374ms.pages.dev/186
  • ackyf374ms.pages.dev/24
  • nous autres civilisations nous savons maintenant que nous sommes mortelles